Histoire

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Victor Hugo et Notre-Dame de Paris

Silhouette incontournable de l’Île de la Cité, la cathédrale Notre-Dame de Paris a traversé bien des événements. Saviez-vous qu’elle est sauvée au XIXe siècle grâce à Quasimodo et Esméralda ? Enfin… presque !

Notre-Dame endommagée

Pour comprendre le rôle de Victor Hugo dans le « sauvetage » de Notre-Dame, il faut comprendre les vicissitudes qu’elle a subies jusqu’au XIXe siècle. 

En effet, au fil du temps, la cathédrale fait l’objet de nombreuses interventions souvent malheureuses. 

L’architecte du Panthéon, Jacques-Germain Soufflot, par exemple, détruit une partie du tympan ! Plus tard, pendant la Révolution, Notre-Dame est vandalisée : les statues de rois bibliques de la façade sont confondues avec les portraits des rois de France et sont en partie détruites. Lors du sacre de Napoléon Ier, en 1804, de grands échafaudages sont dressés pour dissimuler les aléas du temps. Ensuite, lorsque la révolution de 1830 éclate, la cathédrale connaît d’importants dommages, en particulier l’archevêché, qui est saccagé et pillé. On envisage même de raser l’édifice tant son état est déplorable !

Heureusement, un an plus tard, la publication du roman de Victor Hugo provoque une véritable prise de conscience dans l’opinion publique.

Estampe Notre-Dame de Paris par J. Berjot

Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey

L’influence de Victor Hugo dans la restauration de Notre-Dame

Une vaste symphonie de pierre

On ne le présente plus, Victor Hugo (1802 – 1885) est un homme politique, un romancier, un dessinateur, un poète… Prenez Les Misérables : on ne compte plus les adaptations au théâtre, au cinéma, en comédie musicale, et, bien sûr, en dessins animés !

Un autre roman incontournable de cet écrivain prolixe ? Notre-Dame de Paris bien sûr !

La cathédrale est placée au cœur de l’action dans le Paris de 1482 et gravitent autour d’elle Quasimodo, Esméralda ou encore Claude Frollo. 

En chef de fil du romantisme, Victor Hugo y traite de thèmes chers à ce mouvement littéraire, comme les amours passionnels ou les hommes partagés entre le bien et le mal. 

Publié en 1831, le roman achevé en près de 6 mois connaît un succès immédiat et nourrit les débats politiques de ses contemporains : préservation du patrimoine national ou encore abolition de la peine de mort.

Victor Hugo

Paris musées

Les grands édifices, comme les grandes montagnes, sont l'ouvrage des siècles.

Fortement attaché au patrimoine français, Victor Hugo mène, en parallèle de la rédaction de son roman, de nombreuses recherches historiques pour nourrir son travail. 

La seconde édition de Notre-Dame de Paris (1832) est complétée par de nouveaux chapitres dont « Ceci tuera cela ». Il s’agit probablement de son passage le plus célèbre. 

« …l’architecture a été jusqu’au quinzième siècle le registre principal de l’humanité, que dans cet intervalle il n’est pas apparu dans le monde une pensée un peu compliquée qui ne se soit faite édifice, que toute idée populaire comme toute loi religieuse a eu ses monuments ; que le genre humain enfin n’a rien pensé d’important qu’il ne l’ait écrit en pierre. » Notre-Dame de Paris, Livre V, chapitre 2 « Ceci tuera cela »

Grâce au succès immédiat du roman, un mouvement en faveur de l’architecture gothique et de la préservation du patrimoine national naît, relayé par Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historiques.

Notre-Dame de Paris par Victor Hugo, illustré par Brion, gravures de Yon et Perrichon

© Gallica BnF / Centre des monuments nationaux

Le Stryge

Vous connaissez sûrement le Stryge, célèbre chimère qui tire la langue en haut des tours de Notre-Dame… Mais savez-vous que cette créature ne date pas des premières heures de la cathédrale ? Elle a été sculptée en 1849, lors du grand chantier de restauration conduit par Viollet-le-Duc et a été inspirée par… Quasimodo, personnage iconique de Notre-Dame de Paris !

En effet, en 1842, grâce à l’émoi suscité par le roman de Victor Hugo, un grand projet de restauration voit le jour. Jean-Baptiste Lassus et Eugène Viollet-le-Duc sont lauréats du concours organisé pour confier la restauration générale de la cathédrale. Ils ne sont pas seuls ! Grâce aux importants crédits accordés dans le cadre de cette réalisation, ces derniers s’entourent d’excellents artisans d’art comme des tailleurs de pierre, des verriers, des orfèvres…

En 1857, Jean-Baptiste Lassus décède et Viollet-le-Duc récupère l’entière direction du chantier. Fort de son influence grandissante, il imagine des éléments librement inspirés du modèle original. Cette approche lui est beaucoup reprochée pour Notre-Dame, comme pour d’autres de ses réalisations telle que la restauration du château de Pierrefonds

L’œuvre de Viollet-le-Duc permet toutefois de remettre au goût du jour l’art médiéval et l’architecture gothique, dans l’esprit romantique cher à l’écrivain de Notre-Dame de Paris. 

En 1862, la cathédrale entre dans la liste des monuments historiques, à la suite des édifices listés par Prosper Mérimée pour protéger le patrimoine français. Merci Victor Hugo !

Rendez-vous bientôt pour gravir les 422 marches des tours de Notre-Dame. 

DR - Centre des monuments nationaux

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